En 2001, j'ai trouvé ce monolithe tombé du ciel près du Musée de la Vieille Charité, à Marseille. Un signe ? Une histoire Marseillaise que je me suis appropriée ?... Ce symbole de stabilité représente ce qui me manquait encore: un espace d'archivage transportable pour ma production picturale et encrée. Un énorme livre dont les pages sont les peintures et les dessins classés avec logique, année par année, en deux parties : les tiroirs d'huiles et les tiroirs d'encres

Il y a dix ans, dans les ateliers Lorette, j'invitais un artiste qui m'était alors inconnu à participer à l'une des 21 "Sirènes à 4 mains", nous dessinions à l'encre de Chine un poulpe en tête-à-tête avant de le déguster. La rencontre était unique, forte, silencieuse et délicieuse. Un réel échange de connaissances techniques et artistiques. Indépendamment, je peignais dans mon atelier des pieuvres monumentales en 9 parties.

En 2007 j'entame une nouvelle thématique vers l'abstraction avec "Hommage", qui m'a valu le prix de peinture Mourlot. En 2008, je fais donation à la bibliothèque de l'Alcazar de la "collection du Poulpe", réalisée avec un public très varié et ayant les mêmes caractéristiques que son pendant indissociable: les "Sirènes à 4 mains". Après cette période je quittais les ateliers "Lorette", mon meuble d'archivage sous le bras. Epoque incertaine de la création des "Ronds dans l'encre", livre peint dans mon salon.

C'est en 2009 que j'intègre un véritable atelier de peintre. Je ne découpe plus mes peintures pour les archiver dans le meuble à tiroir; leur place y est seulement réservée en cas de déménagement. Les "Portraits d'Elles" à l'encre, réalisés avec le public de cette période, s'inscrivent dans la continuité de ma démarche: une partie d'encre/une partie d'huile. La particularité de leur pendant pictural: les "Ees" s'inspirent de certains états d'âmes et sont peintes avec des outils ménagers .

Puis commence une nouvelle étape: de l'histoire du Poulpe, ne subsistent que les pigments, l'huile, la toile et le format découpé en 9 parties. Je travaille maintenant de nouvelles séries moins accessibles, plus personnelles parce que je me suis plongée dans mes plus anciens souvenirs, une véritable introspection: pas de figures, mais des sensations fortes, brutes, abstraites, colorées. Sans rien oublier de ce que j'ai appris techniquement, je remets tout en question et arrive en 2010 avec les "Cycliques" et les "Dragons". Parallèlement, comme pour contrebalancer cette abstraction j'observe et dessine avec réalisme mon quotidien des "jours passés à Marseille", inscrit dans de nombreux carnets et régulièrement édités sur le blog.

Actuellement, les techniques que j'emploie nuancent la classification des contenus des tiroirs d'"encres" et des tiroirs d'"huiles". Les dernières réalisations: le film d'animation gravé, "Buissons ardents" ainsi que les "Papiers peints" sont traités graphiquement et en couleurs. Les effets de cette situation se reportent directement sur le résultat des dernières peintures: les "Maison têtues", huiles aux formats variables, mêlant souvenirs familiaux, construction et coulures.

Je mène le dessin & la peinture de front: Il y a cependant un lien entre ces deux expressions, l'une est de constituer une sorte de vocabulaire figuratif et d'observation qui permet de nourrir l'autre partie de moi-même basée sur le ressenti, l'expressif, l'intuitif... de façon à puiser sans cesse l'un dans l'autre, du dessin vers la peinture et vice versa.

Pascale Lefebvre, septembre 2012, Marseille.


V English version

In 2001, I found this monolithic plan chest in the street near the Vieille Charité Museum in Marseille. A sign ? A chance to participate in the history of Marseille ? This symbol of stability was just what I needed : a transportable archive for my works in oils and in ink. A sort of enormous book, whose pages are my paintings and drawings logically filed, by year, in two sections : drawers for oils, drawers for inks.


Ten years ago, in the workshops in the Lorette district, I invited an artist I didn't then know to take part in one of 21 Sirènes à 4 mains (4-handed mermaid) workshops. Together we painted an octopus in Indian ink, before eating it. It was a unique experience : powerful, silent and delicious ; a genuine technical and artistic exchange. Independently of this, in my workshop at the time I was producing monumental 9-part octopus paintings.

In 2007 I started on a new abstract theme with Hommage, which won the Mourlot prize for painting. In 2008 I donated to the Alcazar library, in Marseille, the "Collection du Poulpe" (Octopus Collection), which had been produced with the participation of all kinds of people, and was similar to its twin, the "Sirènes à 4 mains collection". After this I left the Lorette workshops, taking along my plan chest. It was a time of uncertainty, when I created "Ronds dans l'encre", a book painted in my living room.

It was in 2009 that I joined a real painters' workshop. I stopped cutting up my paintings to keep them in the plan chest, simply reserving a place for them there, in case I needed to move on. The Portraits d'Elles, produced in ink with my public at that time, followed naturally as part of my work at that time : both in ink and in oils. The oils, the Ees collection, representing a series of moods, have the peculiarity of having been painted with household utensils.

There followed a further stage: of the Octopus story there remained only the pigments, the oils, the canvas and the 'cut into 9 pieces' format. I moved on to work on new series, less accessible and more personal, because I became deeply introspective, immersed in my oldest memories. Not faces, but sensations: strong, raw, abstract, highly-coloured. Without forgetting all I had learnt in terms of technique, I questioned everything, and in 2010 produced "Cycliques" and "Dragons". At the same time, as if to counterbalance the abstraction, I observed and made realistic drawings of my daily life in Marseille (Jours passés à Marseille), in notebooks regularly edited on my blog.

The techniques I am currently working with mean refining the classification of content in the "drawers of inks" and "drawers of oils". My most recent productions, the engraved animation film "Buissons ardents", and also "Papiers peints", are treated both graphically and in colour. The effects of this situation are clearly visible in my recent paintings, "Maisons têtues", oils in various formats which combine family memories, construction and paint runs.

I work simultaneously on drawing and painting. These two types of expression are linked however : the one allows me to constitute a sort of observed, figurative 'vocabulary' which serves as nourishment for that other part of me based on feelings, expression, and intuition. I draw constantly on both, moving back and forth between drawing and painting.

Pascale Lefebvre, september 2012, Marseille.

 
Exposition Artotheque
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